
Il y a peu, je suis tombée sur un ouvrage désopilant intitulé Manuel de survie à l’usage des working girls, signé par la journaliste américaine Jessica Bennet. Avec une pointe de scepticisme initial, j’ai rapidement été séduite par ce guide truculent qui décrypte avec humour le comportement des mâles alpha en milieu professionnel et propose, tenez-vous bien, que nous, les femmes, en tirions des leçons.
Imaginez un peu le tableau : le mâle alpha, que nous appellerons Patrick pour l’occasion, est un expert dans l’art de parvenir à ses fins. Demande de promotion indue, délégation du sale boulot à d’autres, assurance à toute épreuve, il se comporte comme s’il possédait l’entreprise. Vous voyez le genre ?
À ses côtés, sa collègue, nommons-la Anne, est tout aussi compétente et dévouée. Pourtant, elle peine à faire valoir son mérite. Exaspérée, elle se murmure : « Il faut être comme Patrick, il faut être comme Patrick… ».

Première leçon : donner l’illusion
Être comme Patrick, c’est adopter une communication directe et percutante. Il sait toujours quoi dire, peu importe le contexte ou l’interlocuteur. En réunion, sa voix porte, même dans le tumulte des débats. Il n’est pas parfait, loin de là, mais il en donne l’illusion.

Face à lui, Anne laisse transparaître ses doutes dès qu’elle prend la parole. Hésitante, cherchant ses mots, sa voix monte dans les aigus sous le coup de la nervosité, et elle semble constamment s’excuser : « Je suis désolée de vous interrompre… », « C’est peut-être idiot… », ce qui sème le doute sur ses compétences.
Anne est victime d’une malédiction : la tendance des femmes à se sous-estimer.

S’inspirer de Patrick
Mais comment donc s’inspirer de Patrick sans tomber dans la caricature ? D’abord, en cultivant la confiance en soi.
- Un petit exercice consiste à lister ses qualités et réalisations sur un bout de papier—enjolivez à souhait, comme si c’était votre mère qui rédigeait cette liste élogieuse ! Gardez-la précieusement et consultez-la à chaque fois que le doute vous assaille.

- Autre astuce : inventez-vous un alter ego confiant. Imaginez-vous dans la peau d’un personnage au cran indéfectible. Exercez-vous à parler sans excuses ni tournures dilatoires qui affaiblissent votre discours. Un petit one-woman show devant le miroir peut être un exercice à la fois instructif et hilarant.

Pour la plupart des femmes, la confiance en soi ne vient pas de source, il faut donc la travailler.
Deuxième leçon: dire non
Tout le monde sait que Patrick est un homme « préoccupé », toujours en train de s’attaquer à des missions « capitales ». Pas étonnant qu’il écarte d’un revers de main tout ce qui lui paraît inutile.
Mais quand Anne dit non, c’est le choc et parfois même l’irritation. Ses collègues se tournent vers elle pour tout, que ce soit pour demander un conseil, pour son opinion, et surtout pour une aide précieuse. Le hic, c’est qu’Anne croule souvent sous une montagne de boulot et les interruptions constantes deviennent un véritable enfer.

Comment refuser avec la classe de Patrick ?
Il ne s’agit pas de rejeter chaque demande. Bien sûr, il est essentiel de prêter main-forte à un collègue, mais cette assistance doit être vue comme un troc professionnel et donc conditionnel.
Vous désirez mon point de vue ? Balancez-moi d’abord toutes les infos.
Besoin d’un conseil ? Il me faut tous les détails.
Posez vos conditions. Vous n’êtes pas à la merci de vos collègues.

Le truc, c’est que les demandes floues exigent souvent bien plus que les « deux petites minutes » promises.
Et si vous ne pouvez pas vous permettre de perdre du temps (ou simplement ne le voulez pas), vous êtes parfaitement en droit de refuser. Un non ferme mais poli. Et laissez-moi vous confier un secret : en général, les gens vous respectent bien plus quand vous savez dire non, que ce soit au travail ou dans votre vie personnelle.

Leçon 3 – exigez et perséverez
Quand Patrick veut quelque chose (une augmentation, par exemple), il demande sans peur d’être refusé. Si son chef dit non, il peaufine son approche et réattaque plus tard, déterminé.
Et Anne ? Comme vous l’imaginez, rien que demander est un casse-tête. Par nature, nous, les femmes, détestons les situations où l’on risque un rejet ou un jugement. Anne franchira donc la porte du boss seulement quand elle ne pourra plus tenir ou ressentira une injustice flagrante (comme découvrir que Patrick gagne le double).
Et si le patron dit non ? Anne, elle, retourne à son bureau, déçue et démoralisée. Elle se morfond, s’interroge sur ses erreurs et s’en veut. L’injustice s’installe, tout comme le ressentiment envers son chef. Insister ? Jamais.

Comment insister à la Patrick ?
Anne fait deux erreurs :
1- Croire qu’elle obtiendra l’augmentation juste parce qu’elle la mérite, sans devoir la demander.
2- Prendre un refus comme une offense personnelle.
Mais une requête sérieuse ne s’improvise pas. Il faut répéter son discours, préparer des arguments solides et se préparer mentalement à un refus.
Et si la réponse est NON, il faut insister à la manière de Patrick : mieux vaut être ennuyeux qu’invisible. Vous n’aurez peut-être pas tout ce que vous voulez, mais vous pourriez bien en obtenir une partie, ou au moins une compensation.

Leçon 4 – Triomphez en échouant
Patrick a monté une start-up financée par des investisseurs, qu’il a joyeusement dilapidée. Et quand tout s’écroule ? Loin de se cacher, il partage son aventure de dépassement personnel sur des blogs, des podcasts et lors de conférences.
Pendant ce temps, nous, les femmes, sommes paralysées par la peur de l’échec, un sentiment ancré depuis l’enfance et qui s’intensifie avec les années.

Cette peur a son bon côté : elle nous rend plus préparées, réfléchies et méticuleuses que les hommes au travail. Le revers ? Cette insécurité nous paralyse souvent, nous faisant éviter les nouveaux défis ou abandonner face aux difficultés.
Comment être audacieuse
Commencez par vous demander ce qui est pire : échouer après avoir tenté ou échouer par manque de tentative ? Les experts disent que c’est cette dernière option que l’on regrette le plus. Et les études le confirment : rien ne nous apprend plus qu’un échec monumental, aucune thérapie ne nous rend plus forte.
Il faut prendre des risques, et désolé, il n’y a pas de méthode miracle.
Et surtout, ne soyez pas comme patrick

Vous l’avez sans doute remarqué, Patrick est ce type que nous aimons détester : arrogant et opportuniste. Le genre à nous interrompre et à nous expliquer notre propre job. Bien sûr, nous ne voulons pas être comme lui, mais nous envions sa confiance et son audace, qui nous fascinent autant qu’elles nous rebutent.
Nous ne serons jamais Patrick (et nous n’en avons pas besoin), mais nous pouvons être bien meilleures. Il nous suffit de :
• Développer notre confiance et notre estime de soi – sujet d’un prochain article -.
• Apprendre à parler avec assurance, confiance et sincérité – c’est une question d’entraînement.
• Revendiquer (et persévérer).
• Savoir dire NON de manière ferme et posée.
• Oser
• Et, très important, arrêter de nous excuser pour tout et pour rien !
Allez, lancez-vous, sans excuses ! Qui sait jusqu’où votre nouveau vous peut vous mener ?
Et si vous croisez un Patrick sur votre chemin, souvenez-vous que vous avez tout ce qu’il faut pour faire jeu égal, et bien plus encore.
Bien à vous, mes audacieuses lectrices.
Dans ma carrière, j’ai croisé nombre de Patrick et d’Anne. C’est peut-être déplorable, mais cela reflète une société où savoir se vendre est primordial. Si vous ne maîtrisez pas cet art, vous êtes hors jeu.
Merci pour le commentaire. Eh oui, j’ai moi aussi rencontré de nombreux Patrick et Anne. Moi-même, j’ai longtemps été comme Anne: travailler dur, ne rien exiger et espérer que ses efforts soient reconnus. Mais c’est rarement le cas si, comme vous dites, nous n’apprenons pas à nous imposer et á vaincre nos insécurités.
[…] À lire aussi : Devenir Patrick : Maîtrisez les astuces pour triompher au travail à la manière d’un alpha […]